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Hooligans, réunion du FN et ISSEP : comment Lyon redevient la « capitale de l’extrême droite »

Marion marechale

L’actualité récente et à venir a remis un coup de projecteur sur l’implantation tenace de l’extrême droite à Lyon. L’image déplorable de « Lyon, capitale de l’extrême droite » surgit de nouveau dans les médias. Au point de pousser le maire, Georges Képénékian, à bomber le torse en conseil municipal.

Lyon est plutôt douée en matière de marketing territorial. Valoriser l’image de la ville, ici on sait faire. Difficile pourtant de se débarrasser d’une image moins glorieuse façonnée par la présence et les actions de groupuscules d’extrême droite dans la ville.

 

Le coup de menton du maire de Lyon

L’annonce par Marion Maréchal-Le Pen (FN) de l’implantation à Lyon de son école de science politique, nommée ISSEP, attire les lumières médiatiques. Vendredi 1er juin, c’est aussi à Lyon (Eurexpo) que le Front National tient son bureau national élargi au cours duquel il entérinera son nouveau nom.

En substance ce qu’a indiqué Georges Képénékian, maire de Lyon, lundi 28 mai en conseil municipal :

« Nous avons vraiment conscience de tout cela, sans parler de l’installation d’une université à Lyon [le futur institut de sciences politiques de Marion Maréchal, ndlr] qui je pense, est ce qui attire le regard aussi d’un certain nombre de journalistes ».

Ces deux éléments ne font pas à eux seuls de la ville la « capitale de l’extrême droite » comme la nomment certains médias. Ils viennent ajouter de la lumière à une réalité déjà bien au jour, sur laquelle Rue89Lyon n’a eu de cesse de travailler depuis 7 ans.

 

Le Bastion Social et les micros des journalistes

On le doit notamment au Bastion Social, émanation du Groupe Union Défense (GUD), piloté depuis Lyon par Steven Bissuel. Le groupe a fait parler de lui en réquisitionnant un bâtiment dans le centre de Lyon pour loger des sans abris français. Cette nouvelle vitrine du GUD organise également des collectes et distributions alimentaires à destination des « sans-abris français » qu’elle sait mettre en scène notamment via les réseaux sociaux.

 

France Culture, s’est ainsi intéressée à ce mode d’action de l’organisation d’extrême droite lyonnaise largement inspiré de l’Italie. L’ouverture de sections ailleurs en France comme à Strasbourg, Marseille ou Chambéry a aussi suscité un certain médiatique national.

Localement, l’actualité du Bastion Social a été chargée. Son nouveau local a subi des dégradations après celles perpétrées contre des locaux d’organisations de gauche et d’extrême gauche. Des rassemblements et manifestations à Lyon ont récemment demandé sa fermeture. Quotidien, l’émission de TMC animée par Yann Barthès a donc envoyé ses caméras devant le local du Bastion Social pour recueillir les propos de ces « fascistes et fiers de l’être ».

Un traitement qui gratte donc un peu plus en profondeur que la tenue d’un congrès du FN comme le laisse entendre le maire de Lyon. Mais qui ne doit pas résumer la situation à un jeu intense de chat et la souris entre organisations d’extrême gauche et d’extrême droite.

La liste des agressions attribuées à l’extreme droite, notamment dans son fief revendiqué du Vieux-Lyon, est longue. Et suscite moins l’intérêt médiatique national.

 

Les hooligans lyonnais ont aussi fait parler de Lyon

Lyon, a également fait parler d’elle récemment pour ses hooligans, supporters de foot, dont certains gravitent autour d’organisations d’extreme droite. Depuis deux ans, les affrontements avec d’autres groupes de supporters ou la police ont été nombreux. Jusqu’au dernier en date, en mars dernier, avant le match de l’Olympique Lyonnais contre le CSKA Moscou. Un jeune homme de 19 ans, proche du GUD/Bastion Social, a écopé de 18 mois de prison pour avoir frappé un policier au sol.

 

La tenue de finale de l’Europa League de football le 16 mai dernier a remis en lumière cette réalité. L’arrivée annoncée de supporters marseillais, dont les ultras sont classés à gauche, et la présence de supporters madrilènes dont certains ultras sont ouvertement d’extreme droite, a décidé d’un important dispositif de sécurité. Pour des risques de fights entre supporters lyonnais et marseillais notamment, les moyens mis en place étaient supérieurs à ceux d’un match de l’Euro 2016.

BFM TV se demande alors encore une fois si Lyon ne serait pas « la capitale de l’extreme droite ». Nicolas Hourcade, sociologue et spécialiste des supporters explique au site internet de la chaîne que :

« L’extrême droite radicale s’est bien implantée à Lyon ces dernières années, et ça peut rejaillir sur le stade. Mais attention aux généralisations, tous les ultras lyonnais ne sont pas fachos ».

 

Les Identitaires toujours à Lyon et les alentours

Tous ces récents évènements mettent en lumière la présence de plusieurs familles de l’extreme droite française à Lyon. Une convergence que note Le Monde qui situe à Lyon la « confluence des extrêmes droites ».

« Une confluence manifeste entre les mouvances radicales lyonnaises, dont l’implantation est favorisée par l’inscription de l’extrême droite dans le paysage de la ville. »

A côté de l’extrême droite nationaliste traditionnelle ou « nationaliste révolutionnaire » comme se définit le Bastion Social, perdure également le courant identitaire. Un courant très proche du Front National et notamment de Marion Maréchal Le Pen qui n’a peut-être pas choisi Lyon par hasard pour implanter son école.

Pour le site de BFM TV toujours, Jean-Yves Camus de l’Observatoire des radicalités politiques estime que « si le mouvement identitaire est parti de Nice, le noyau lyonnais « semble aujourd’hui plutôt dominant ».

Parmi ces Identitaires, un proche de Marion Maréchal Le Pen, bien connu à Lyon où il a piloté les jeunesses identitaires, a encore fait parler de lui récemment. Damien Rieu, en charge de la communication de la mairie FN de Beaucaire (Gard), a piloté les actions de Génération Identitaire « anti-migrants » dans les Hautes-Alpes au col de l’Echelle. Le JDD a consacré un portrait à celui qui fait toujours le lien entre la jeunesse identitaire et ses actions coups de poings et le Front National.

 

Lyon, convergence des luttes à l’extrême droite ?

Ces éléments témoignent surtout d’un ancrage ancien de l’extreme droite dans la ville. Jean-Yves Camus toujours :

« Lyon et sa région ont une tradition double: « Celle d’avoir été la capitale de la Résistance, mais aussi une tradition qu’on oublie un peu trop souvent, qui est la persistance dans cette ville de groupes d’extrême-droite assez anciennement implantés. Au début des années 90, il existait une librairie d’extrême-droite ayant pignon sur rue. Il y avait déjà une implantation universitaire assez forte, en particulier à Lyon-3. Il y a toujours eu des groupes qui retrouvaient leurs sources à Lyon ou dans sa région. »

Lyon, une terre aussi où les petites expériences d’union des droites se mènent aussi. Le Progrès nous apprend ce mercredi 30 mai que le 26 mai dernier, diverses organisations de droite bien trempée et d’extreme droite se sont réunies à Lyon. Les Patriotes, Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan, le Siel, le FN, et des élus de Les Républicains aussi ont cherché à « créer des liens ».

 

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